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 Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan

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3 participants
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abdelard




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Grade : 1er Dan shotokan
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MessageSujet: Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan   passage - Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan EmptyJeu 12 Jan - 18:31

Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan , 8 janvier 2017

Dans la conception de ce CR, je voulais dire un mot sur les phases de préparation à l' examen, mais j’ai finalement opté pour le seul rapport chronologique et technique ainsi qu’émotionnel. Je consacrerai un rapport à part sur la préparation (suite à ce fil ou dans un nouveau sujet), ce qui pourrait éventuellement servir à d’autres personnes.

La veille de l’examen fut une veille au sens propre comme au figuré. Je n’ai pas fermé l’œil, je ne dormais que d’un œil , le corps dormait avec, en face, un œil de Caïn qui empêchait ma tête de pencher vers Morphée.

Piètre préparation mentale que celle-là, ou piètre fixation sur un évènement rendu majeur par trop de cogitations fébriles tenant plus du statut de la personne âgée agitée que de celle de la personne âgée mûre , sage et droite dans ses bottes (je ne suis donc pas le meilleur d’entre nous tous ).

Réveil à 5 heures 40 mn ( un réveil du réveil quoi ! ). Mon sac était préparé à l’avance. Kimono passé par la lingerie du coin, sous-vêtement blanc pour lutter contre le froid de la matinée et de la vaste salle d’examen. J’avais consulté la météo une semaine à l’avance, ciel peu nuageux, un léger vent.

Rien que dix minutes pour arriver avec ma voiture au complexe sportif et il faisait encore nuit. Déjà , il fut difficile de stationner. Des personnes affluaient des quatre coins du pays pour cette session dans la capitale Rabat (une autre session est prévue à Marrakech, 4 mois plus tard). J’ai pris " soin " de consommer une dernière clope (si on peut appeler ça un soin), les derniers plaisirs du condamné : la gorgée et la bouffée.

La horde des affamés de ceintures entre au Complexe comme un long boa constricteur qui ne peut être empêché de constrire que si on le constrit à son tour par la ceinture que vous savez.

On nous fait descendre vers un vaste espace couvert contigu à la grande salle, spécial pour les échauffements. C'est là qu'on se met en tenue " de guerre", tandis que les filles bénéficiaient de vestiaires exclusifs pour se changer et papoter à l'aise, tandis que nous, on se les gelaient en claquant du dentier.

Une heure plus tard, on continuait encore à nous échauffer ou à exécuter des kata ou des bunkai, chacun y allait de ses préférences, lorsque, enfin, apparu au dessus de nos têtes, sur l'estrade d'en haut, trois costumés à l'effigie de la Fédération pour appeler les premiers "condamnés", par groupe de dix personnes, les "compétiteurs" d'abords, à passer devant les chats faux, ou faux chats, des jurys au regard doux de chat se délectant de torturer les souris ( c'est beau jeu de plaisanter après ce calvaire…) On les met en file indienne sur la dite estrade , le long du mur pour poiroter encore des dizaines de minutes avant "d'embarquer" vers la salle d'examen. Au fil des minutes, on a compris que l'appel se faisait selon l'âge et j'en déduis donc que mon heure sonnera bien tard, moi qui suis déjà sonné par le manque de sommeil. Je me suis donc adossé contre une colonne et fermé les yeux pour quelques minutes, mais des amis m'appelèrent pour vérifier un bunkai, puis deux, etc (on était 5 du même dojo, un groupe que j'ai animé durant trois 3 mois de préparation avec l'accord du prof, au sein duquel on a concocté pour chaque séquence des 8 kata des bunkai en béton, non armé bien sûr, car ça aurait fait fuir le jury). Au final, quatre en seront reçus.

Vers 10 heures 30 du matin, l'espace d'échauffement était presque dégarni. Seules des têtes justement dégarnies par l'âge y restaient encore, mais quelques jeunes quand même pour je ne sais qu'elle raison (plus tard, je compris qu'il leur restait un module ou plus du dernier examen).

Je dévisageais les dégarnis du crâne de mon espèce et me comparais mentalement à eux. Cela me fit un baume au cœur, je n'étais donc pas le seul vieux babouin du cirque et comparativement, ma carcasse tenait encore la route en de bonne compagnie bien entretenue, avec la sagesse et le calme olympien de ce magnifique groupe de voyage vers le futur vacillant et incertain .

A notre tour donc de nous mettre en file indienne et de poiroter encore quelques dizaines de minutes, le temps de faire plus ample connaissance. Chacun de nous aura pour partenaire son visa –avis situé derrière lui. On entendait distinctement des kiai menaçants , pêles mêles, provenant de la salle d'à-côté. Nous entrâmes enfin dans la vaste et glaciale salle d'examen sous la conduite d'un pilote qui nous a aimablement fait atterrir devant notre tatami et notre jury bien aimé . Il y avait environ dix tatami où l'on s'agitait fort selon la variété des modules. Je compris pourquoi on poirotait dans l'attente, il fallait attendre de libérer des tatamis, vu l'ampleur du nombre de candidats, le grand boa charcuté en tranches de dix ou douze pour faire de belles brochettes d'heureux ou de malheureux .

J'étais un peu dans les vaps, les yeux enfoncés dans leur orbite. Je dérivais en orbite, quoi. Je pris soudain la décision de me prendre en main, de sortir de ma bulle et de me concentrer à l'extrême sur le but de ma présence ici. Je me suis dit que je ne suis pas là à visiter un musée animé par la foule mais à montrer dans quelques instants ce que je suis capable de montrer, exactement comme je me le suis ressassé des jours et des jours avant. J'avais beau jeu de répéter à l'envi à mes coéquipiers de ne pas se laisser impressionner par l'ambiance et le jury, qu'il fallait les dévisager comme s'ils étaient nus comme un ver, de leur concéder 20 % de sa concentration et de garder les 80 % restants. On m'avait averti que c'était l'inverse, et se considérer heureux de garder 20 % de concentration devant le jury. Mais soyons honnête , je n'ai pas perdu de mon assurance outre mesure, et la détermination pris le dessus aussi rapidement que je ne le prévoyais.

On nous a mis donc face au jury. Le Chef de jury était en face de nous assis devant une table, deux autres membres étaient assis sur une chaise de part et d'autres de leur chef juste sur les deux coins du tatami, en face de nous, un peu à la manière des juges des combats de compétition. Mon regard fut rapidement obnubilé par le juge du milieu, une personne assez âgée, avec des lunettes de vue, qui dégageait une forte personnalité et un sérieux extrême. Cet homme là m'inspira immédiatement une attitude de dignité, de sérieux et de respect de l'instant que nous vivions. Une osmose mentale s'opéra entre lui et moi. Je n'avais plus d'angoisse, j'étais empli d'une solennité et d'un respect extrême envers ce que j'allais faire. J'étais prêt mentalement et physiquement à donner le meilleur de moi-même dans le respect des attentes de cet homme-là et de ses pairs.

On procéda à notre appel pour ultime vérification tandis que nos passeports trônant sur la table du chef, étaient vérifiés par l'un des membres. Nous étions au total douze candidats sur le tatami n° 9 , l'un d'eux était du groupe de préparation de mon dojo, âgé de 46 ans. J'étais le plus âgé dans la salle, 64 ans et toutes mes dernières dents. Un pur hasard que l'âge de mon ami du dojo soit numériquement inverse du mien et clôt la belle brochette du bel âge du tatami, avec une jeune fille et un jeune homme de 24 ans ayant des modules à rattraper, tout comme deux autres personnes âgées.

Commence le premier module, à savoir le kihon , composé de trois sous modules : le kihon aller –retour ou en reculant, le kihon sur place, et le plastron. Tout recalage dans l'un des sous-modules entraîne le recalage dans tout le module.

A – module 1 : le kihon

1- le kihon en se déplaçant

Il s'agit d'exécuter en se déplaçant sur trois pas des techniques simples ou combinées en 3 techniques maximum sur chaque pas, et kiai sur le troisième pas. L'un des examinateurs se leva et nous dicta, en voix claire les techniques , Là il faudra que je me rappelle car ça va très vite, si je mets etc, c'est que j'en oublie :

- oi zuki jodan (coup de poing niveau haut) en position zenku tsu (position large, jambe devant pliée
- mae geri (coup de pied en avant) plus maete jodan (coup de poing niveau haut de la main du même pied avant) plus gyaku zuki (coup de poing de la main inverse du pied devant)
- age uke (défense avec le bras plié , niveau haut) plus gyaku zuki
-shuto uke en kokutsu (sabre de la main, poids du corps sur le pied arrière) plus gyaku nukite de la main arrière ( frappe avec la pointe des doigts).
Etc.

Pas de souci pour moi dans ce sous module, je suis à l'aise et je travaille hard avec kiai que je croyais avoir fort, mais celui des autres me réduit à l'état d'une brebis gémissante. Ils sont forts en gueule mes compères du 3ème âge ! Mais je souris sous cape car je me vois fort ailleurs (une impression encourageante, ou alors de l'auto-suggestion)…

2- le kihon sur place

Il s'agit d'exécuter des techniques en combinaison (mais en kimono, ça va de… soie) sans déplacement, trois fois à droite et trois fois à gauche avec kiai sur la 3ème série.

- ma geri plus gedan barai (blogage du bras/poing niveau bas) avec le pied arrière en reposant ce dernier en arrière et blocage avec le bras du pied devant.
- Mawashi geri (coup de pied circulaire du pied arrière) en le reposant en arrière plus soto uke (défense du bras avant de l'extérieur vers l'intérieur)
Yoko geri kekomi (coup de pied latéral défonçant) du pied arrière en le déposant en arrière plus gyku haito jodan (coup du sabre de la main niveau haut, côté pouce).
Etc.

Là, grand père, pourquoi tu ne tousses plus (comme disait Fernand Reynaud). Je craignais en effet que mon genou et mon manque de souplesse des hanches ne me jouent des siennes lors de l'exécution du coup de pied circulaire et latéral durant le kihon sur place qui ne permet pas de "cacher" un vice d'exécution quelconque (mécanique s'entend) puisqu'il faut se stabiliser d'abord après le coup de pied, remis à sa position en arrière, pour exécuter les techniques suivantes dans une autre position que le zenkutsu. Heureusement qu'une préparation antérieure et juste avant l'examen devant les yeux scrutateurs de mes collègues, m'ont permis de m'en tirer avec le strict minimum, à savoir des coups de pieds un peu plus hauts que le niveau bas et ramener très vite pour qu'on ne "s'aperçoive de rien". En fait, le jury savait à qui il a affaire : des personnes ayant sûrement des handicaps dûs à l'âge, ce ne sont pas des tarzans quand même.

3- le plastron

Il s'agit de travailler en couple, l'un jouant le rôle de l'attaquant et l'autre le plastron. Ce dernier recule ou avance ou part latéralement en deux sursauts puis s'immobilise. L'attaquant doit le suivre en mesurant la bonne distance puis décocher d'abords un mae geri chudan, puis dans les mêmes conditions de sursauts et d'immobilisation du plastron, décocher un mawashi geri jodan ou chudan , et enfin décocher trois techniques d'attaques successives et de son choix . Le mae geri et le mawashi geri doivent impérativement être exécutées du pied arrière, tandis que tout coup de pied dans les trois techniques d'attaque libres peut provenir du pied avant ou du pied arrière. Si le plastron a oublié de faire deux sursauts, hé bien il faut les faire soi-même en avant et en arrière pour exécuter ses techniques et tant pis pour lui pour le résultat final. Il va de soi que le plastron ne se défend pas et encaisse sans sourciller. Donc, le contrôle est de rigueur, au risque d'en prendre pour son (futur) grade, donc à moins d'être fou… (ou folle, selon le cas) .

"Grand père qui ne tousse plus" a eu peur aussi de ne pas atteindre au moins les reins de son aimable et placide plastron. Ouf ! le plastron a bien été "éreinté".

Pour les trois techniques successives, je me suis entraîné bien avant à décocher d'abords un coup de pied latéral du pied droit (dont le ménisque est nickel tandis que celui de l'autre pied est sous genouillère) en veillant bien à la distance, puis un uraken uchi du bras du même pied (coup de poing retourné, avec les phalanges, paume vers le haut) et enfin un gyaku zuki d'enfer de la main gauche ( et comme je suis gaucher, c'est d'une telle puissance qu'un nounours en peluche s'évanouirait dans la nature).

B – Module 2 le kata .

Le candidat présente le kata de son choix, suivi immédiatement d'un kata tiré au sort.

1- le kata au choix.
Dans notre système du shodan (le premier Dan) , nous avons huit kata obligatoires : les 5 heian, tekki shodan , bassai dai et kanku dai.

Mon kata personnel a été évidemment bassai dai, puisque c'est sur lui que j'ai tout misé pour corriger toutes mes erreurs, postures, déplacements et autres dans des vidéos que j'ai eu le "curage" (comme dirait Haliday ) de présenter pour avis à des experts d'un forum réellement d'expertise martiale dont je vous dirai un jour le nom. Mais ceci sera développé dans la partie "Préparation" qui sera publié séparément ici.

La majorité des candidats opte pour le kata heian shodan, arguant du fait que c'est un kata facile et plusieurs sensei le leur recommande. Je ne suis pas de cet avis car heian shodan et le meilleur moyen de juger en toute chose de la réelle capacité du candidat à martialiser, tant les embûches de fond et de forme en font un véritable champ de mine. J'ai donc constaté ce fait ce jour là.

Lorsque j'ai annoncé bassai dai, un soulagement et une gratitude se lisaient imperceptiblement sur le visage du respectable président du jury. Je crois l'avoir exécuté avec la meilleure application possible .

Comme un compte rendu devrait être respectueux des autres candidats je me contenterai de signaler que j'ai grimacé de peur pour certains ayant mêlé un kata à un autre ou le fait de stopper net, pour s'entendre dire de recommencer deux fois de suite . Le stress est sans doute majeur dans ces cas là . Par contre l'exécution quasi parfaite des kata par d'autres personnes me rendit si heureux pour eux !

2- le kata par tirage au sort

Je me suis présenté devant le président pour tirer un carton. Un petit sourire entendu me montra du doigt les cartons. Je ne suis pas né de la dernière pluie pour ne pas comprendre que Bassai dai a donné un satisfecit, au moins à cette personne du jury.

Le kata tiré fut heian sandan. Et comme j'ai fait et refait des dizaines de fois chaque kata tant dans la pratique que mentalement chaque jour avant de dormir, et en visionnant les vidéos au ralenti de chacun d'eux pour déceler le moindre mouvement qui passerait inaperçu , je n'ai pas eu de problème à l'exécuter de façon convenable. Il faut honnêtement rapporter le fait que je suis passé presque en dernier, donc j'ai eu tout loisir de revoir en direct plusieurs kata, y compris mon bassai dai, tirés au sort par les candidats. Mes Mais les jérémiades incessantes de mon voisin à mon oreille m'empêchèrent finalement de bénéficier complètement de cette aubaine

C – Module 3 : le bunkai

Il s'agit d'expliquer des séquences du kata. Pour le kata personnel, le jury peut vous demander d'expliquer tout le kata ou certaines séquences de son choix. Pour le kata tiré au sort, le jury ne peut vous demander plus de deux séquences. D'habitude, lorsque le jury est satisfait de l'explication d'une première séquence, il vous demande rarement d'en expliquer une autre. Quand il vous en demande trois ou plus, c'est que vos explications sont mal fichues et qu'il vous tend la perche. On doit être de profil au jury pour qu'il puisse distinctement voir.

1- bunkai du kata personnel

Il me fut demandé d'expliquer une séquence du kata juste avant le premier kiai. Je demande combien de shuto uke à faire (car il y en a quatre avant le kiai et j'avais prévu des bunkai combinant plusieurs shuto jusqu'au kiai). On me répondit qu'il s'agit du dernier shuto uke avant le kiai. Je demande donc à mon partenaire de m'attaquer avec un coup de poing direct de la main droite, niveau haut. Je bloque avec shuto uke de la main gauche et chope son poignet de la main droite, la tord (aimablement) pour le faire plier vers le bas, j'assène mon sokuto uke ( blocage avec le tranchant du pied vers le bas) dans son creu du poplité, lui assène (encore aimablement) un coup de coude du droit (simulation du shuto uke suivant) et pousse mon kiai de cheval . J'ai cru entendre un "bien" derrière-moi provenant de la table, mais peut-être mon oreille ou mon ego (j'en ai quand même un, tout petit et plus jeune que moi ) me jouait des tours…

Le jury ne me demanda aucun autre bunkai de ce kata

2 – Bunkai du kata par tirage au sort

On me refila un autre partenaire et on me demanda d'expliquer les premiers mouvements du kata : uchi uke de la gauche (blocage niveau moyen par le bras plié, de l'intérieur vers l'extérieur), puis le double gedan barai/ uchi uke exécuté à droite puis à gauche . J'avais prévu plusieurs bunkai et particulièrement l'un d'eux, très intéressant :

Le partenaire devrait m'attaquer oi zuki niveau jodan, je répliquerai avec uchi uke en position kokutsu . Mon partenaire répliquerai par gyaku tzuki niveau chudan que je bloquerai par gedan barai de la même main qui a fait uchi uke , en position pieds joints, et lui décocherai en même temps un uraken uchi niveau visage de la main droite, qu'il devrait parer avec un age uke. Je devrai saisir son bras faisant age uke ave mon bras faisant uraken, je descendrai son bras vers le bas et lui décocherai un second uraken avec la main gauche . Nickel , rapide et beau à voir.

Seulement , mon partenaire s'emmêla les pinceaux , malgré deux tentatives d'explication de ma part. Et pourtant on l'a répété mes amis et moi au dojo avec une aisance inouïe . Je n'avais pas manquè de faire remarquer à ce propos à mes amis au dojo de se méfier de qui on va tomber et donc de faire les choses les plus claires, les plus simples. On peut tomber sur un tordu de l'esprit chez qui être disponible c'est vous donner de l'aumône, ou encore sur un type qui ne vient que pour la frime, juste pour prendre de l'expérience…

Pris de panique, j'ai manqué de gueuler en rabrouant le bras de mon partenaire et de lui dire dans la foulée : "ce bras, tu ne le bouges pas quand je fais ça", j'ai alors manipulé carrément ses bras pour y placer mes techniques. Le chef de table me dit : oss ! Comme quoi, laisse tomber, j'ai compris le topo. Il ne me demanda aucun autre bunkai pour ce kata.
Lorsque tout le monde est passé, on nous met en rang face à la table, le jury nous demande de faire le salut réciproque réglementaire et nous souhaite bonne continuation car il nous remet entre les mains d'un second jury pour la suite.

D – Module 4 : le kihon ippon kumite

Il s'agit de se mettre en face d'un partenaire à un mètre de distance, l'un étant tori (l'attaquant) et l'autre uke (le défenseur). Il faut exécuter cinq techniques à droite et à gauche pour chacune, alternativement : oi zuki jodan, oi zuki chudan, mae gei chudan, mawashi geri chudan ou jodan , yoko geri kekomi ( coup de pied latéral pénétrant). Tori crie "tori" et uke crie "uke". On inverse les rôles à la fin, après s'être salué. Tori descend en position zenkutsu et annonce la technique et son niveau. Uke ne bouge pas jusqu'au déclenchement de l'attaque. Il a droit à une seule défense et une seule attaque, ou encore une défense simultanée à l'attaque. Tori, lui, n'a droit à aucune défense et doit rester placide sur l'attaque d'uke, ce dernier doit laisser son attaque en place quelques secondes pour la rendre visible au jury.

Le jury me désigna mon partenaire, un jeune homme de 24 ans dont il manquait un module ou deux. Quelle aubaine ! Une bonne occasion de montrer quelque chose avec plus rapide et plus souple ! Comme au dojo avec mon partenaire préféré, justement âgé de 24 ans (si un Pascal passe par là, je suis cuit… et ce n'est pas un pari stupide) .
Ce sera mon partenaire pour toute la suite ( (3 modules).

Aucun problème pour moi,car j'avais déjà testé pour chaque sorte d'attaque de tori une série de blocages et de contre attaques pour n'en sélectionner au final qu'une seule sorte de défense et une seule sorte d'attaque pour chacune des cinq attaques prévues, tant à gauche qu'à droite :

- Oi zuki jodan venant de la droite de mon partenaire :

je me mets en retrait latéralement vers ma gauche , saisi simultanément le bras attaquant et décoche un yoko geri du pied droit sur les reins de mon partenaire avec kiai, puis me remets en yoi (position d'attente).

- Oi zuki jodan venant de la gauche de mon partenaire

Je bloque avec shuto uke jodan de la droite et contre attaque par un shuto uke de la gauche, côté petit doigt, sur la nuque de mon partenaire, avec kiai (le kiai est nécessaire et même vital à l'examen), puis reviens en yoi

- Oi zuki chudan venant de la droite de mon partenaire :

Je bloque avec soto uke de la main gauche, en position kiba dachi et décoche, de la même main un uraken uchi jodan sur le nez de mon partenaire, avec un sursaut, je veille à ne pas le toucher, garde mon bras sur place un instant puis le replie

- Oi zuki chudan, venant de la main gauche de mon partenaire :

Je bloque également avec soto uke de ma gauche en position kiba dachi et décoche de la même main un yoko empi uchi (attaque latérale avec le coude) avec un sursaut pour garder mon kiba dachi, paume de la main droite sur mon poing gauche frappant le yoko empi.

- Mae geri venant de la droite de mon partenaire

Je bloque avec juge uke gedan (blocage avec les deux poings croisés, niveau bas) et contre attaque avec le même juge uke vers la gorge de mon partenaire (aimablement offerte), les mains ouvertes (double shuto uchi mains ouvertes croisées)

- Mae geri venant de la gauche de mon partenaire

Là, ça m'a chiffonné lors de la préparation. Mais partant du principe que pour tout coup de pied, il vaut mieux esquiver latéralement ( et dans le sens de rotation de l'attaque pour le mawashi), j'ai donc opté pour un simple gedan barai de ma droite suivi d'un gyaku zuki .

- Mawashi geri venant de la droite de mon partenaire, qui annonce niveau jodan.

Trop difficile en général pour un débutant, surtout s'il ne maîtrise pas assez l'esquive et le sen no sen. J'opte donc pour haiwan uke jodan (défense avec le bras niveau haut ) et contre attaque avec gyaku zuki, mais la position n'est pas celle favorable pour un gyaku zuki se voulant en sen no sen. Donc à prendre avec des pincettes par le jury .

- Mawashi geri venant de la gauche de mon partenaire qui annonce jodan.

Même topo : défense haute du bras droit et gyaku zuki simultané. Au dojo, les trucs de balayage en période de préparation ne tenaient pas la route et je ne pouvais pas m'amuser à faire plus que ça. Après tout, ce n'est qu'un 1er Dan et je ne suis plus souple que dans le dernier bastion non encore envahi par l'âge : les neurones.

- yoko geri kekomi venant de la droite de mon partenaire

Je balaie sa jambe avec nagashi uke (défense avec le bras en repoussant, niveau bas)en kiba dachi et lui décoche un gyaku zuki dans le dos, en zenkutsu.

- yoko geri kekomi venant de la gauche de mon partenaire

J'ai réagi de la même façon, mais cette fois de l'autre côté.

Ensuite j'ai joué mon rôle de tori en m'arrêtant quelques secondes après avoir annoncé chaque attaque et son niveau, pour permettre à mon jeune partenaire de se concentrer sur ses choix. Son visage tremblotait et ses yeux étaient rivés farouchement sur les miens. Très bon signe de sérieux et de vouloir bien faire. Je lui ai glissé un petit clin d'œil pour l'encourager .

E – Module 5 : jyu ippon kumite

Il s'agit de se mettre à trois mètres devant son partenaire et d'exécuter en tant qu'uke 3 techniques d'attaques choisies par le jury parmi 6 techniques (oi zuki jodan, maete zuki, gyaku zuki, mae geri, mawashi geri et yoko geri kekomi).
Tori doit se mettre en premier en position de combat , suivi de uke. Tori annonce l'attaque et son niveau et l'exécute en s'approchant d'uke qui fait de même, ou part latéralement pour lui embrouiller la distance. Uke se défend une fois l'attaque lancée. Il peut se défendre sans attendre lorsque tori s'aventure trop dans sa distance, c'est son droit et tant pis pour son partenaire.

On exécutait par trois couples à la fois, de façon décalée sur le tatami (certainement , chaque membre du jury s'occupait d'un couple).

Le jury nous annonça nos trois techniques en désignant qui sera tori et qui sera uke. On aura à exécuter oi zuki jodan, gyaku zuki chudan et mae geri. Je passe en tori en premier. Je fais en sorte de ne pas pénétrer en zone de conflit, qui sait avec ces jeunes trop susceptibles…

A son tour, mon partenaire joue tori. Je bloque son oizuki jodan avec age uke et décoche simultanément un gyaku zuki en kiai et me retire immédiatement en reculant vers ma base à pas de loup. J'avais prévu de contrer avec taisho jodan (défense avec la main ouverte vers le haut en repoussant) et contre attaquer avec la même main avec shuto uchi vers la gorge, mais c'était trop risqué vu la rapidité de l'action en jyu ippon kumite et surtout le manque possible de contrôle des coups) Ensuite il cria "oi zuki chudan" . Je lui dis à voix basse : non, c'est gyaku zuki". Il pâlît et se repris rapidement .Je pare en esquive latérale avec osae uke (défense vers le bas avec la main ouverte et contre avec gyaku zuki.

Sur mae geri , je pare avec gedan barai sa jambe droite avec ma main droite en esquivant latéralement et décoche un tzuki de la main gauche sur son flanc. Une fois assis, il me dit que le jury va compter la gaffe, je lui dis que ce n'en est pas une puisqu'il ne l'a pas exécutée. Une simple erreur de langage, c'est tout. Enfin bref. L e jeune homme a eu son diplôme haut la main. Je suis très content pour lui, ainsi que pour la jeune demoiselle, très aimable, au passage.

F – Module 6 : jyu kumite :

Il s'agit d'un combat souple de deux minutes, une seule fois, avec un partenaire. Le contrôle est de rigueur et on ne sautille pas comme en compétition. Il faut montrer ce que l'on sait faire ( toutes les techniques, la recherche des opportunités, les esquives, l'esprit combatif, les déplacements, les positions, la concentration…)

J'ai donc bataillé contre mon jeune collègue avec beaucoup d'entrain, en recherchant à chaque fois de le contrer dans toutes ses attaques, de tenter des attaques, des esquives, des coups de pieds en croissant, en avant et en ura ( de dos), bref que du bonheur pour moi, d'autant qu'au dojo , je m'amuse à faire de la compét avec mes jeunes camarades, histoire d'améliorer l'aisance de mes mouvements, mon attention, mon agilité (ou ce qu'il en reste), de garder la forme, quoi…

On se salue mutuellement avec le jury, on nous souhaite bonne chance et on nous confie à une guide qui va nous mener vers une grande salle couverte de tapis et emplie de fauteuils. A l'entrée, on nous refile un pass (petit carton) avec lequel on ne peut sortir que pour aller aux aisances et revenir pour attendre les résultats . Je n'ai pas encore saisi la visée du truc: ne pas communiquer avec qui et pourquoi ?

L'attente a été longue, bien longue. De temps à autres, des personnes différentes venaient annoncer les résultats aux différents groupes de dix ou douze. L'examen n'avait pas dépassé une heure 30 mn et on a attendu de midi 30 à 17 heures pour avoir nos résultats ! On nous a raconté par la suite qu'une panne d'un matériel informatique en a été la cause. On n'annonçait les résultats et ne donnait le diplôme (ainsi qu'une mini carte de porteur de ceinture noire) que pour les reçus. Les autres devaient encore attendre pour avoir la fiche contenant les modules à refaire.

Un jeune homme de mon dojo qui avait fini bien avant moi, a eu une douche froide. On ne l'a pas appelé par son nom en proclamant les résultats de son groupe. On a cogité longtemps pour expliquer la chose, un oubli, ça va venir etc. Finalement on lui adonné une fiche contenant les modules à refaire.

Vint le tour de mon groupe, on appela des noms, on distribua des diplômes, puis ce fut tout. Rien en ce qui me concerne, ainsi que d'autres de mon groupe. Mon sang se figea et avec la fatigue je n'en pouvais plus. Dur à avaler, après tant de labeur.
Juste quelques minutes après, un homme âgé entra dans la salle avec des diplômes à la main en criant mon nom à haute voix. Où êtes-vous monsieur X disait-il . Le voilà, le voilà crièrent mes potes. J'ai vu qui c'était, un vieux pratiquant très respectable, 6ème Dan shotokan , qui s'occupa de nous lors du stage national préparatoire, un mois auparavant. Cette personne m'avait à la fin du dit stage beaucoup remercié pour la pertinence de mes questions .Il m'embrassa fermement avec un très large sourire et me félicita chaleureusement. On a pris une photo ensemble. Ensuite il distribua les diplômes aux autres membres de mon groupe, avec prise de photos. Une seule personne de ce groupe a été recalée pour un module, le kata.

Bravo les vieux ! Bravo la génération d'avant de vivre ces instants de bonheur avec la génération d'après.

La joie de vivre, vivre des instants avec des jeunes autour d'un but noble, rassembleur, sain, fusionner des moments d'émotion tous âges confondus, voilà une expérience qui animera pour longtemps ma joie d'exister, et ne fut- ce que pour cela, je continuerai à pratiquer l'art martial pour l'éternité.
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MessageSujet: Re: Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan   passage - Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan EmptySam 14 Jan - 21:30

Bravo j'ai tout lu; c'est la journée de la lecture aujourd'hui , donc j'ai fait un effort ..

 j'ai vu que tu aimais bien saisir les bras , faudra travailler d'autres techniques pour dévier    niveau jodan beaucoup de shuto jodan , haîwan nagashi uké, c'est assez similaire ;Enfin bref bravo :

la route s'élargit et les embûches seront encore présents . moi je n'ai pas passé ma 3eme je m'entraîne pour moi ..que du plaisir ..je te souhaite une bien bonne année ..
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abdelard




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MessageSujet: Re: Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan   passage - Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan EmptyDim 15 Jan - 3:33

Merci Fox, c'est très gentil !

Pour les techniques signalées, il fallait choisir à l'avance le plus simple, on ne sait pas sur qui tomber. On doit être méticuleux à l'examen. Par exemple je ne peux faire de balayage comme au dojo.

Je te presse, au passage, de passer ton 3ème. Question de principe, pour ouvrir d'autres horizons (nouveaux kata par exemple).

Et je te souhaite également une très bonne nouvelle année Smile
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MessageSujet: Re: Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan   passage - Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan EmptySam 4 Mar - 19:34

Bonjour et félicitations Abdelard,
Je me retrouve un peu dans ton passage de grade moi c'était pour le deuxième Dan. Je te conseille d'attaquer ta préparation du prochain Dan. Si la durée est comme en France de 2 ans entre la 1er et 2ème Dan je préconise le travail des katas et ippon kumités en douceur pour finir la saison.
Merci encore pour le partage d'une journée intense.
Cdlt
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abdelard




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MessageSujet: Re: Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan   passage - Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan EmptyLun 6 Mar - 3:39

Merci Alain,

Très honnêtement , ma préparation pour le 2ème Dan a en fait démarré avec celle du premier Dan, car nous étions un groupe en pleine préparation durant 3 mois et un membre du groupe devait passer son 2ème Dan .

Je lui ai donc servi de partenaire dans l'ippon kumite et le jyu ippon kumite dans le respect des consignes données dans le livret des programmes d'examen de notre fédération. Comme je pratiquais déja quelques kata du 2ème Dan (kanku dai , qui est aussi dans le premier Dan, Jion et tekki nidan) nous les avions donc préparés ensemble. Je m'entraîne déjà pour Empi et hangtsu. J'avais également révisé avec lui le kihon et le multidirectionnel.

A propos de multidirectionnel, j'ai eu l'occasion de visionner plusieurs vidéos sur le net et je vous en indique une en particulier qui traite de tous les modules. Il faut y visionner le multidirectionnel plusieurs fois pour y déceler le placement du pied avant et du pied arrière , s'assurer lequel de ces pieds fait la rotation selon que l'on exécute kizami ou gyaku et s'assurer également quel kamae te adopter en attaquant chaque axe .

https://www.dailymotion.com/video/x2nayal


Chez nous, le délai entre 1er et 2ème Dan est de trois ans.

Je suis d'accord avec vous de commencer par les kata et les modules à deux. Cela va sans dire que le bunkai sera fait de pair avec les kata.

Encore merci .

PS ; mon français n'est pas oral car je ne le parle pas ou très peu selon les rares occasions, d'où mon écrit peut paraître pas si "ambiance" pour le non averti .
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MessageSujet: Re: Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan   passage - Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan EmptyLun 6 Mar - 14:43

Merci pour ta réponse ne t'en fait pas pour ton français il est top. 20
bien sportivement
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MessageSujet: Re: Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan   passage - Compte rendu de passage de grade 1er Dan shotokan Empty

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