Je reprends ici un CR de stages que j'avais posté sur kwoon.org :
Les 12 et 13 décembre 2015, j’ai participé à deux stages qui se déroulaient en alternance :
- un stage technique avec sensei Daniel Serfati 6ème Dan et son épouse Sylvie 4ème Dan.
- Un stage national en vue du passage de grades avec sensei Abdou Fekkak 7ème Dan Responsable des grades. Il s’est déroulé à la salle couverte (10 mille places) du complexe sportif Prince Moulay Abdallah, l’un des plus grands complexes d’Afrique, à Rabat.
Le stage avec les époux Serfati a été très fructueux, les deux karatékas étant très explicites et très attentifs. Monsieur Daniel a proposé des éducatifs pour bien travailler le gyaku zuki (difficile à transcrire les divers éducatifs) l’essentiel étant de s’entraîner à travailler les hanches, descendre plus bas sur le zenkutsu sans pour autant avancer la tête en avant, d’où la main ouverte du partenaire qui stoppe votre tête qui se penche.
Un autre exercice consistait, après un maete +mawashi geri de la jambe arrière, à se faire immédiatement gifler (à gauche ou à droite) par votre partenaire histoire à vous faire tenir sur vos gardes et être prêt à riposter même en cas de difficulté ( en pleine attaque). Selon Daniel, il ne doit pas y avoir de temps mort, l’action en cours doit avoir une issue de secours en cas de contre attaque plus rapide. En combat, ça va très vite, et un temps mort vous expose à l’échec.
Daniel a proposé un kihon appliqué en ajouts de techniques à d’autres, en avant et en arrière, en usitant du yori achi et du tsugi ashi. A la fin, nous étions capables de reproduire tout le kihon individuellement. Puis nous l’avons appliqué en situation de combat. C’était parfait tant les techniques collaient bien à des défenses et des attaques savamment imbriquées.
Et puis il a procédé à un bunkai du début du kata jitte après que nous ayons pratiqué en semble son début.
Madame Sylvie servait de partenaire de démonstration à Daniel. Ce dernier aime que les choses soient réalistes (il l’a précisé) ; ce qui fait que les deux partenaires n’y allaient pas de main morte, bien au contraire on a eu des frissons.
Après chaque démonstration, madame Sylvie inspectait dans les rangs en corrigeant. Elle m’a aimablement corrigé ma position.
Bref, avec ce couple on a appris aussi bien techniquement que mentalement, car ils insistaient sur ce côté-là (attitude, disponibilité, concentration, engagement…).
Le stage avec sensei Fekkak a été aussi un bonheur pour moi. C’était la première fois que j’assistais à un stage préparatoire au passage de grades. Nous étions exactement 2 ceintures bleues et un ceinture verte au milieu de huit cents participants gradés de la marron au sixième Dan. J’en voulais un peu à mon sensei qui a retardé mon passage à la marron et a préféré que je l’assiste pour faire passer les examens à 13 jeunes du club pour la jaune et l’orange. Le hic c’est qu’il veut que je passe la noire en Juin prochain sans se soucier de l’examen à me faire passer (la marron), alors que je me suis fixé la date de janvier 2017 (histoire de « me remplir » davantage).
Bref, monsieur Fekkak est un homme de classe et d’une très belle éloquence mêlée d’une maîtrise de l’art qui force l’admiration. Perché en haut sur une estrade (gradins) en tenue de karatéka et doté d’un micro autonome il nous a tenu un discours très encourageant, mettant en relief la transparence des examens et sa disponibilité pour toutes questions. Il a fait monter sur l’estrade tous les 6èmes Dan marocains présents ( j’en ai dénombré plus de six) et les arbitres internationaux marocains( deux ou troi ,s je ne sais plus) pour les faire applaudir. Il nous assuré que le karaté marocain est en essor continu. Déjà classé 6ème juste après la France aux derniers championnats du monde, notre karaté est de plus en plus attiré par les experts mondiaux qui viennent y organiser des stages et notre pays organise aussi des championnats mondiaux. Un centre du karaté (une initiative unique au monde, dit-il), sera bientôt inauguré par le Chef de l’Etat.
Sensei Fekkak est ensuite passé à la pratique pour chaque module des examens (kihon avec ses trois parties, kihon ippon kumite et ippon kumite, jyu ippon kumite, kata et bunkai, ju kumite).
Pour chaque module, il fait monter des volontaires pour son exécution, successivement du premier au 6ème Dan. Puis demande à l’assistance qu’est ce qui a été bien fait et ce qui a été mal fait. S’engage alors une discussion générale entre lui et l’assistance et enfin, il tranche en précisant ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Il n’hésite pas à dire à des partenaires que c’est tout nul ou à d’autres que ça mérite des louanges ou juste un repêchage en attendant le produit de l’ensemble produit par le candidat en situation réelle.
Un véritable examen blanc hautement instructif, à ne pas en douter. A noter que tous les membres des jury sont également présents au stage et sont tous 4ème Dan ou plus (c’est le minimum exigé ).
Je sais maintenant à quoi m’en tenir.
Enfin la caméra (c’était filmé par une chaîne sportive nationale) est allée vers un français , 2ème Dan , présent au stage. Il a dit au micro en substance : « je suis le seul gawri parmi vous qui s’entraîne au Maroc et j’en suis fier, je me sens chez moi » Toute la salle a explosé en applaudissements nourris. Gawri veut dire étranger en argot marocain, mais pas péjoratif, bien au contraire, c’est un vocable invoquant une certaine supériorité socio-culturelle . Et en règle générale, un étranger au Maroc, c’est tout ce qu’il y a de bienvenu et bien chouchouté s’il y vit en permanence.
Par ailleurs, j’ai eu pour partenaire durant les kumite d’exercices, successivement deux relativement jeunes 3ème Dan. Je n’ai pas manqué de leur demander où j’en étais selon eux, tous les deux ont « loué » (par diplomatie ?) mes performances, mais ont incriminé mon manque de souplesse (voilà qui détruit le diplomatiquement dit). La souplesse est donc mon talon d’Achille, mais trop tard d’avoir les jambes d’Achille ou d’assouplir le fameux tendon.
Enfin, mon âge qui se la joue peureuse et chatouilleuse n’a pas du tout opéré cette fois, car j’ai été estomaqué de voir de s pratiquants, bien gradés, dépassant largement la 70zaine ou largement plus.
Il y a encore deux autres stages programmés au même lieu :
- Un stage national de karaté do avec Jean-Louis Morel, 8ème Dan, expert fédéral, les 9-10 janvier 2016.
- Un stage national d’arbitrage karaté dirigé par Hugues Micholet, Arbitre et Juge mondial, chef de tatami international, ex champion Europe, 8ème Dan, les 9-10 avril 2016.
J’espère pouvoir y participer pour en donner un compte rendu. D’ailleurs, j’avais déjà fait deux stages d’arbitrage kumité et kata et suis inscrit sur la liste d’attente des futurs arbitres en formation, en attendant de dé crocher ma noire (qui est une condition).
Annexes :
Dynastie Serfati
http://shogun-center.com/dynastie-serfati/site de sensei Abdou Fekkak
http://karatefekkak.com/site de la fédération royale marocaine de karaté
http://www.frmk.ma/Performance du karaté marocain
http://lematin.ma/journal/2015/-le-karate-marocain-est-devenu--une-reference-mondiale-/235811.html